Dans un espace matérialisé par un carré blanc de la dimension d’un ring, chaque duo incarnera un peu de ce trouble qui pousse un être vers un autre et l’ensemble composera, dans sa version définitive, une somme d’interrogations sur la difficulté de partager un même espace avec un partenaire. Le Duo 2 que nous verrons ce soir sera célébré par Ana Rodriguez et Claude Bardouil alors que le deuxième temps de la soirée permettra à l’auteur de remettre en jeu la solitude comme étape transitoire avant de repartir, dans une pièce à venir, vers une autre aventure à deux.Dans le Duo 2, c’est elle, Anna qui entre en premier sur le plateau. Elle désigne l’absence de son partenaire et tâte le terrain ; elle mesure sa surface de réparation. Dans l’indécision de son appréhension de l’espace, elle marque ses fragilités. Sa danse, subtilement rassemblée autour de son corps, ne cherche pas à affirmer ce que sa présence suffit à combler et, dans les méandres de ses tergiversations, elle offre un beau portrait de femme en quête d’une certaine harmonie. L’arrivée de son partenaire vient bouleverser la scène. Agité, cet homme pressé tire la langue comme un malade qui suffoque et
dans le désordre de ses gestes, il manque d’air face à elle. Il s’avèrera vital que leur rencontre soit placée sous le signe du partage de l’espace, bientôt symboliquement réduit à la surface de la peau. Ce duo s’achève dans une pénombre apaisée, rappelant que souvent, le mystère d’une rencontre entre deux êtres tient simplement à cela ; un peu d’air en suspension.
Annie Bozzini